Les crédits d’impôt pour les titres multimédias ne suffiraient plus. Avec l’apparition de Facebook et de nouveaux types d’appareils mobiles (tablettes ou téléphones intelligents), l’industrie des jeux vidéo montréalaise a beaucoup été affectée ces cinq dernières années. Les compagnies, qui conçoivent des applications et des jeux pour les réseaux sociaux ou les appareils mobiles, sont alors devenues une concurrence directe à celles concevant des jeux pour consoles. En pleine pénurie ouvrière, cette nouvelle compétition a entraîné une hausse des salaires. Cette hausse est telle que les crédits d’impôt à la production de titres multimédias ne suffiraient plus à compenser. Les effets de cette concurrence se font de plus en plus sentir au point où certains craignent que ceux-ci n’affectent l’intérêt des studios étrangers à venir s’installer à Montréal. Au cours des dernières années, plusieurs studios, dont Warner Bros. Interactive Entertainment, THQ ou Square Enix, se sont implantés à Montréal afin de profiter du climat favorable créé par le programme de crédits d’impôt à la production de titres multimédia, qui couvre 37,5 % des coûts de main-d’œuvre. En plus de ces crédits, Investissement Québec a accordé des subventions directes de 7,5 M$ à Warner Bros., 3,1$ à THQ et de 2 M$ à Square Enix quant à leurs promesses de créer des emplois dans la métropole. Or, dans la situation actuelle, ces entreprises voient l’échéance de leurs promesses arrivée rapidement sans toutefois avoir réussi à les remplir. THQ craint alors que le gouvernement du Québec lui demande bientôt de rembourser sa subvention. Afin d’éviter que cette situation arrive, l’entreprise américaine a entrepris d’aller braconner sur les terres d’Ubisoft afin d’offrir des postes alléchants à leurs programmeurs seniors. C’est ainsi que THQ a recruté l’un de leurs concepteurs étoiles, Patrice Désilets. Ubisoft a ensuite poursuivi THQ ainsi que son ex-employé, pour lequel elle a rempli une demande d’injonction. M. Désilets a contrevenu à la clause de non-sollicitation de son contrat avec Ubisoft en tentant de recruter quelques-uns de ses anciens collègues. La plupart des personnes approchées par les autres sociétés sont celles qui détiennent le plus d’expérience. Leur départ pourrait engendrer des conséquences considérables comme des délais dans la production d’un jeu, ce qui pourrait aller jusqu’à coûter des millions en perte de revenu. Cependant, Ubisoft ne considère pas encore ce manque de loyauté comme une problématique, car elle évalue pour l’instant à 10 % le taux de départ. Étant donné le manque de main-d’œuvre qualifiée, les entreprises ont été forcées de songer à d’autres solutions pour trouver du personnel ou bien d’attirer celui-ci à venir travailler pour elles. Par exemple, 35 % des employés embauchés cette année chez Ubisoft proviennent de secteurs non conventionnels. Malgré leur inexpérience dans le domaine du jeu vidéo, certains de ces programmeurs ou artistes graphiques ont un talent exceptionnel. Ubisoft admet, par contre, que cette option n’est pas suffisante et que plus d’argent devra être investi dans la formation. D’autres studios misent de leur côté sur des projets d’envergure comme Hitman afin de se forger une identité propre qui saura attirer les futurs employés. Bien que les crédits d’impôt ne semblent pas suffisants pour compenser la hausse des salaires qui sévit dans le monde du jeu vidéo à Montréal, d’autres avantages sont considérés par certains comme non négligeables. Son large écosystème de compagnies œuvrant autour de la production de jeux vidéo (telles les studios d’édition audio) et sa proximité avec l’Europe font de Montréal un lieu géographiquement bien placé pour les studios de jeux vidéo qui cherchent un endroit propice pour s’implanter.