Médias sociaux et travail : Pour le meilleur et pour le pire En cette ère où les médias sociaux sont omniprésents dans nos vies, les sites comme Facebook sont-ils devenus des outils de discrimination lorsqu’il vient le temps de se trouver un emploi? J’aurais tendance à dire que oui, dans la mesure où si nous avons un compte, nous risquons d’être jugés par rapport à celui-ci plutôt que par nos connaissances. La première impression est importante, et notre candidature peut être mise de côté à cause de ce que nous publions. D’un autre côté, si nous n’avons pas de compte, nous risquons d’être perçus négativement puisque, dans certains domaines du moins, les employeurs vont trouver que nous ne sommes pas à jour technologiquement, que nous sommes dépassés. Cette discrimination peut aller loin dans certains cas. Les médias sociaux diminuent la distance qui sépare notre vie privée et notre vie personnelle. Cette atteinte aux droits et libertés a été abordée aux États-Unis, car certains employeurs allaient très loin pour juger les candidats pour un emploi. Ainsi, comme le révèle cette article, des employeurs (autant des entreprises privées que le gouvernement) américains demandaient les mots de passe des candidats pour aller examiner leurs actions sur les réseaux sociaux. Dans ce cas-ci, cette pratique a eu lieu dans l’État de l’Illinois. Certaines personnes ont vu leur candidature rejetée à cause des médias sociaux alors que d’autres ont désactivé leur compte pendant le processus de recherche d’emploi avant de le réactiver après avoir obtenu un emploi. Cette pratique a soulevé l’ire de plusieurs groupes sociaux qui ont dénoncé cette atteinte aux libertés individuelles. Finalement, le gouverneur de l’État, Pat Quinn, a déclaré, par une loi, que cette façon de faire était illégale. Cela n’est qu’un exemple, mais il démontre très bien les enjeux liant travail et médias sociaux ainsi que vie privée et vie professionnelle. Les employeurs sont très méfiants à l’égard des réseaux sociaux et plusieurs d’entre eux vont même jusqu’à les bloquer sur les postes informatiques du bureau. Ils entretiennent une relation ambivalente avec les réseaux sociaux puisqu’ils reconnaissent ces bienfaits tout en craignant ces inconvénients. En effet, un article d’Olivier Schmouker démontre que les employeurs ont peur que leurs employés perdent du temps au travail (47 %), qu’ils manquent de professionnalisme (14 %) ou qu’ils émettent des commentaires négatifs sur l’entreprise (11 %). Toutefois, ils trouvent que les réseaux sociaux permettent l’ajout de contacts à leurs réseaux (24 %), l’amélioration de la réputation de l’entreprise (22 %) et un meilleur service à la clientèle (18 %). De plus, un rapport de l’Oregon Business Report démontre que 45 % des employeurs visitent les réseaux sociaux pour en apprendre plus sur leurs candidats et pour faire une première sélection. Ils regardent principalement si les candidats ont : Des informations et des photographies provocatrices ou inappropriées (53 %); Du contenu concernant l’usage de drogue et d’alcool (44 %); Du contenu négatif par rapport à leurs anciens collègues, employeurs et clients (35 %); Une mauvaise qualité de langue (29 %). Des études démontrent que les inquiétudes des employeurs face à la perte de temps sont en partie justifiées. Ainsi, un sondage CROP démontre que 37 % des employés utilisent Internet pour un usage personnel pendant leurs heures de travail. En moyenne, cette perte de temps se chiffre à vingt-deux minutes quotidiennement. Les 18-34 ans utilisent plus Internet que les 55 ans et plus, et les hommes perdent plus de temps sur Internet que les femmes. Les sites de prédilection des travailleurs sont les réseaux sociaux (23 %), les sites d’informations (20 %) et les sites de courriel et de messagerie instantanée (15 %). Devant ce temps perdu, est-ce que la solution idéale serait d’empêcher l’accès à ces sites? La réponse est non puisque les gens qui prennent quelques minutes pour s’évader sur Internet sont plus productifs en général. Prendre une petite « pause » leur permet de se recentrer sur leurs tâches par la suite et de mieux les accomplir. Donc, la solution est-elle de laisser faire les employés? La réponse est également non puisque, comme l’explique Stéphane Champagne, les entreprises doivent établir des balises afin d’encadrer leurs employés et leur rappeler les règles de conduite à adopter. La solution idéale est donc d’établir une politique claire afin que tous connaissent les règles du jeu et les conséquences liées à un abus. En bref, les médias sociaux sont au centre de plusieurs enjeux liés au monde du travail. Les employeurs sont de plus en plus nombreux à aller voir les réseaux sociaux pour se faire une idée des candidats potentiels avant de les convoquer en entrevue. Ils s’en servent pour faire une présélection en se basant sur l’impression qu’ils ont des candidats. Comme l’exemple vécu aux États-Unis nous le démontre, il existe un flou juridique avec les médias sociaux, ce qui amène d’importantes questions par rapport aux droits individuels : la vie privée versus la vie professionnelle. Finalement, les employeurs entretiennent une relation amour-haine avec les médias sociaux alors que leurs employés les utilisent de plus en plus durant leurs heures de travail. Quelle est la solution parfaite pour satisfaire tous les partis? En existe-t-il une? Beaucoup d’interrogations surgissent, mais bien peu de réponses claires existent pour l’instant…