La démocratisation de la recherche et développement Lorsque je pense à la recherche et développement (R-D), la première pensée qui me vient à l’esprit est un chercheur en sarrau blanc travaillant dans un laboratoire rempli de produits chimiques et de microscopes. Or, avec la technologie et les avancées technologiques actuelles, la R-D n’est plus aussi limitée qu’elle l’était et nécessite de moins en moins d’équipement. Quand j’étais aux études, il y a dix ans de cela, la fabrication d’un circuit imprimé (PCB en anglais) prenait plusieurs étapes et beaucoup de matériel. Tout d’abord, il fallait dessiner le PCB à l’aide d’un logiciel de CAO. Une fois terminé, ce dessin était imprimé sous forme d’un négatif comme en photo, ce qui devait être fait par une firme externe, car l’encre de nos imprimantes ne pouvait pas fournir une encre assez opaque pour masquer les zones à conserver (le tracé du circuit). Le négatif était ensuite imprimé sur une plaque d’époxy recouverte d’une couche de cuivre à l’aide d’une lumière UV. Cette couche photosensible permettait de protéger la zone à conserver des bains d’acides dans lesquels serait plongée la plaque. Suivant ces étapes, la plaque de PCB pouvait être percée, et les composants pouvaient être soudés sur celle-ci. Aujourd’hui, la technologie permet de réduire ces étapes de fabrication artisanale en une seule étape. Grâce à une encre composée de nanoparticules d’argent et d’une imprimante à jet d’encre, il est possible d’imprimer sur du papier un circuit imprimé qui assurera la conductivité. Un autre aspect qui peut s’avérer long dans la conception de prototype est la fabrication de pièces. À l’instar des PCB, la fabrication de pièces peut être effectuée à l’externe par une société tierce. Cette façon de faire permet de créer des prototypes avec un équipement minimal. Par contre, le temps requis pour que les pièces soient fabriquées et transmises d’une société à l’autre allonge grandement le temps de conception des prototypes. Pour réduire ce temps de production, les chercheurs disposent maintenant d’imprimantes 3D, qui peuvent fabriquer à peu près tout ce que l’on veut sans l’aide de l’industrie. Elles permettent aussi de réduire les coûts de production. Par exemple, grâce au travail d’Ivan Owen et Richard Van As, il est maintenant possible de construire une prothèse aux doigts mécaniques à partir de pièces imprimées en 3D. Une prothèse commerciale peut coûter plusieurs milliers de dollars, alors qu’en imprimer une en 3D ne coûte qu’une poignée de dollars. Par conséquent, après avoir conçu le design de RoboHand, ils ont publié leur design sur Internet afin que d’autres autour du monde puissent profiter de la chance d’avoir une prothèse peu coûteuse. Lego Mindstorms constitue une autre avenue pour le prototypage rapide de solutions. Quoique simpliste et enfantine au premier abord, la gamme de « robotique programmable » de Lego contient plusieurs outils utiles pour la conception de prototype. Elle possède, entre autres, un Robotics Command System, une brique munie d’un microprocesseur qui peut être programmé en plusieurs langages tels que le C ou C++. Cette brique détient aussi des ports permettant d’y connecter des capteurs (contact, lumière, rotation et température) ou des moteurs. Toutes ces particularités rendent beaucoup simple la mise en application d’idées, et ce, peu importe l’âge. Ainsi, le jeune Shubham Banerjee, 12 ans, a réussi en utilisant le kit Lego Mindstorms EV3 ainsi que d’autres petits objets (punaises) à construire une imprimante braille, une alternative qui lui coûte moins de 400 dollars, contre 3000 dollars pour une imprimante commerciale. Peu à peu les nouvelles technologies qui sont mises à la disposition des gens permettent à ceux-ci de laisser libre cours à leur imagination ou bien de reproduire ce que certains ont déjà créé à l’aide de ces mêmes technologies. Ainsi, la recherche et développement est de plus en plus accessible et n’est plus restreint qu’à un seul groupe d’individu. Crédit photo : Splotramienny via Pixabay.