Le Québec vise à développer son économie du savoir. Ce concept macro-économique donne une valeur au capital immatériel d’une société et est constitué par les informations et les connaissances détenues par celle-ci. Dans ce contexte, la recherche et développement, l’innovation et la propriété intellectuelle sont des piliers de base de cette économie.

À mon avis, le Québec, grâce à ses universités reconnues et ses programmes fiscaux incitatifs (la RS&DE par exemple), est magnifiquement positionné pour profiter de cette économie du savoir. J’ai la chance de côtoyer des entrepreneurs « du savoir » tous les jours dans les domaines tels la technologie de l’information, les dispositifs médicaux et autres. J’y vois de bons et moins bons exemples de réussite.

À priori, l’entrepreneur du savoir inexpérimenté donnera une grande valeur à son idée (son capital immatériel) tôt dans la vie de son entreprise. Or, votre idée vaut peu tant et aussi longtemps que vous n’avez pas démontré que quelqu’un est prêt à acheter le produit de votre idée. Vous, chercheurs, ingénieurs et techniciens, devez donc sortir de votre zone de confiance et :

1. Identifier son marché : Une idée novatrice fait souvent rêver les techies. Wow! que ce serait chouette si ça fonctionnait… On oublie qu’il faut un marché pour son idée. Une dose de réalisme est nécessaire tôt dans le cycle de développement afin d’identifier qui sera prêt à payer pour votre idée et combien. Lorsque le marché est identifié, il faut tenter de mesurer combien cela coûtera pour que votre idée soit devenue un produit pour lequel on voudra payer…
2. Comment atteindre son marché : L’entrepreneur du savoir type est confiant (la confiance est primordiale en affaire) que son idée est bonne. Le piège ici est d’imaginer que votre marché cible trouvera facilement votre produit. Or, il est reconnu, autant en technologies de l’information que dans d’autres domaines, que la vente d’un produit coûte aussi cher que son développement. Que ce soit la vente par Internet, la vente classique face-à-face, il faut être prêt à injecter des ressources importantes pour obtenir des résultats intéressants.

Quand cristalliser sa valeur ?

Cristalliser sa valeur signifie transformer son capital immatériel en argent comptant. On peut se taper dans le dos et se dire que notre entreprise du savoir vaut cher, mais il n’en est rien tant que quelqu’un ne vous a pas offert quelque chose pour celle-ci (et que l’argent est dans votre compte de banque). Partant de la prémisse que la valeur de votre entreprise augmentera en fonction de l’utilisation de votre produit par le marché, voici quelques observations:

1. Une entreprise qui est vendue tôt dans le cycle de développement de son produit aura une valeur moindre. Un investissement plus grand impliquera donc une valeur plus grande.
2. La vente requiert des habiletés différentes de celles d’un technicien. Ces habiletés sont cependant primordiales pour la valorisation de votre entreprise. On fait souvent l’erreur de minimiser les risques liés à la mise en marché.
3. La vente est un processus itératif où plusieurs expérimentations seront nécessaires avant de trouver la solution optimale. Ayez cette réalité en tête lorsque vous ferez vos prévisions budgétaires.
4. Certains marchés (les dispositifs médicaux par exemple) sont difficiles d’accès. Il est peut-être avantageux de s’associer à d’autres pour réussir. Quitte à réduire un peu le potentiel de valorisation de votre entreprise.

Afin d’obtenir la meilleure cristallisation de sa valeur, un entrepreneur du savoir doit être résilient face à l’adversité. La patience est de mise, mais il ne faut surtout pas attendre que cela se règle tout seul. Ayez un plan et soyez ouverts à modifier ce plan en fonction de ce que la réalité vous donne.