Lorsque vient le temps de déterminer si des travaux de R&D contiennent des activités de RS&DE, il faut démontrer qu’il existait une incertitude scientifique ou technologique au moment d’entreprendre les travaux. Pour ce faire, il faut prouver que l’état actuel de la technologie peut être insuffisant pour résoudre un problème qui survient en cours de développement. Mais qu’entend-on exactement par « technologie »?

Définition du glossaire de la RS&DE de l’ARC : La technologie est l’application pratique des connaissances et des principes scientifiques. Même si la technologie peut être représentée sous forme matérielle (brevets, procédures, documents de conception, manuels, etc.), il ne s’agit pas d’une entité physique. C’est plutôt la compréhension de la transposition de faits et de principes déterminés scientifiquement dans le matériau, dispositif, produit ou procédé.

Peut-on ainsi parler de technologie à propos d’un certain type d’outil en usinage, par exemple? Un outil est un produit, intégrant certaines connaissances ou certains principes appliqués dans un certain contexte : tenue des matériaux aux hautes températures et au stress mécanique, forces de frictions entre la surface de l’outil et le matériau à usiner, comportement du copeau sur l’outil selon le type de matériau et des paramètres d’usinage, le tout étant à considérer sur des matériaux connus et pour une utilisation sur des machines commerciales. Un outil n’est donc pas à proprement parler une technologie, il est issu de diverses technologies et son utilisation selon les connaissances qui ont mené à sa conception en est également une.

Tant que l’on reste dans ce contexte, l’état actuel de la technologie reste suffisant pour résoudre nos problématiques et il ne peut donc pas y avoir de RS&DE. À titre exemplatif, l’usinage d’un nouveau matériau, aussi novateur et inédit est-il, et l’exploration des paramètres d’usinage, même s’ils sont inconnus, avec un tel outil, ne relèvent pas de la RS&DE si les principes de base et les connaissances permettant de les exploiter sont les mêmes. En pratique, il s’agirait probablement d’un simple ajustement des paramètres d’usinage.

En revanche, ce même outil pourrait s’avérer être une solution pour l’usinage d’un nouveau matériau, mais selon un comportement qui ne correspond pas à la technologie initiale. Par exemple, la manière dont le matériau se fissure et se coupe et la manière dont le copeau se forme et se dégage peuvent être totalement différentes, ce qui va avoir un impact sur l’exploration des paramètres d’usinage optimaux, la nature d’autres opérations ou paramètres (nature du fluide de coupe par exemple), et sur l’usinage d’autres matériaux similaires dans le futur.

Dans ce cas, et si on est bien conscient de changements par rapport à la technologie d’origine, on peut éventuellement prétendre que l’on a fait évoluer la technologie pour développer un nouveau procédé.

Comme nous venons de le voir, il est important de bien cibler la technologie qui nous limite dans nos travaux, afin de nous assurer que nous sommes bien dans un contexte de recherche scientifique et de développement expérimental (RS&DE).

Crédit photo : Gefrorene_wand via Pixabay