Téléphone modulaire : un téléphone qu’il vaudrait la peine de garder! J’ai eu mon premier téléphone cellulaire il y a 5 ans. Depuis ce temps, j’ai eu 3 appareils. Pas parce qu’ils ne fonctionnaient plus, ou du moins pas toujours. Un nouveau besoin apparaissait. Un nouveau besoin apparait toujours. C’est pourquoi les cellulaires comptent parmi les déchets les plus importants et pourquoi les compagnies sont aussi florissantes. Selon le groupe GfK, le plus grand institut d’études de marché et d’audit marketing d’Allemagne, c’est plus de 1,16 milliard de téléphones cellulaires qui se vendent chaque année à travers le monde. Considérant qu’un téléphone a une durée de vie moyenne de 4 ans, selon un programme des Nations Unies pour l’environnement (UNEP), une grande majorité des gens changent de téléphone trop souvent. Changer d’appareil aussi régulièrement a un coût pour l’usager, mais a également un coût pour l’environnement. De tels appareils sont extrêmement polluants s’ils se retrouvent dans la nature. En effet, ils contiennent des métaux lourds tels que le plomb, le mercure, l’arsenic et le béryllium. Ces métaux, s’ils se trouvent dans des sites d’enfouissements, peuvent contaminer le sol, l’eau et l’air. Ils peuvent éventuellement nuire à notre santé. Il est donc important de disposer de nos appareils consciencieusement. Les programmes de recyclage d’appareils électronique se multiplient afin de répondre à ce grand besoin. Mais ce besoin, d’où vient-il? Est-il le fruit de l’insatisfaction constante du consommateur? Doit-on plutôt blâmer l’industrie qui créé sans cesse de nouveaux appareils, encourageant les adeptes de la technologie à se procurer le tout nouveau gadget? L’innovation technologique est, certes, à encourager. Elle permet de répondre à des besoins importants dans toutes sortes de domaines. Elle peut améliorer notre qualité de vie, simplifier des tâches, rendre de nouvelles choses possibles. Par contre, dans certains cas elle permet la surconsommation. Et si les efforts d’innovation se concentraient plutôt sur la création d’appareils qui pourraient répondre aux nombreux besoins, ou dans certains cas caprices, des technophiles, et ce, en réduisant la quantité d’appareils mis à la poubelle? Récemment, un individu a eu une idée fort intéressante. Le Néérlandais Dave Hakkens a créé le prototype du Phoneblocks, un téléphone cellulaire modulaire. L’appareil est composé de blocs détachables. Ces blocs sont connectés à une base qui comprend une majorité des connexions de l’appareil. Les autres blocs, que l’on attache à la base, sont les divers éléments du téléphone : la batterie, la caméra, la mémoire, le haut-parleur, etc. L’idée est que si un élément du téléphone cesse de fonctionner ou ne satisfait plus les désirs du consommateur (par exemple si ce dernier veut une caméra plus performante) le bloc en question peut simplement être changé. Ainsi, il n’est plus nécessaire de changer l’appareil en entier. Dans un contexte où faire réparer un téléphone cellulaire lors d’un bris est pratiquement plus cher que d’acheter un téléphone neuf, cette nouvelle idée semble être la réponse à une surconsommation non volontaire. L’invention semble également faire un pas vers la réduction de la pollution par résidus électroniques. En ne changeant qu’une petite partie d’un appareil, c’est uniquement cette petite partie qui court la chance de se retrouver dans la nature. En attendant que les gens soient conscientisés au recyclage d’appareil, on réduit le risque. Il faut toutefois se demander si une telle solution n’aurait pas l’effet contraire, c’est-à-dire d’encourager la surconsommation en permettant le changement d’éléments aussi simplement. Cela n’ouvrirait-il pas la porte encore plus grande aux caprices technologiques? Je n’en ai aucune idée. Néanmoins, l’appareil imaginé par Hakkens permettrait aux consommateurs de se bâtir un téléphone répondant à leurs besoins, comme il est possible de le faire avec un ordinateur. Je trouve que c’est une idée innovatrice. L’entreprise Motorola semble être du même avis puisqu’elle a annoncé le 28 octobre dernier appuyer l’initiative de Hakkens en créant le Projet Ara. Le projet invite les développeurs à participer à la réalisation de l’appareil et invite les consommateurs à donner leur opinion et aider l’entreprise à leur offrir un appareil qui leur plaise. Les travaux de recherche et développement ont donc débuté. Motorola espère avoir un premier prototype d’ici l’hiver. Crédit photo : The Sydney Morning Herald.