De vieilles technologies aux goûts du jour À l’ère où de nouvelles technologies apparaissent chaque jour afin de rendre nos vies plus faciles, il est surprenant d’apprendre que des agences gouvernementales à travers le monde en utilisent encore de vieilles. Il est vrai que le taux d’adoption des nouvelles technologies est extrêmement lent dans ces agences, et ce, principalement étant donné l’absence de fonds à cet effet. Or, dans certains contextes, ces technologies du passé pourraient avoir leurs avantages. Avec Internet et la mobilité sans fil, l’information circule de plus en plus rapidement et est de plus en plus piratée, et l’une des façons qui a été mise de l’avant pour contrer le piratage est d’utiliser de vieilles technologies. Suite aux récentes fuites de plusieurs milliers de documents classifiés par WikiLeaks et Edward Snowden, l’agence responsable de la sécurité du Kremlin a passé une commande en juillet dernier pour acheter des machines à écrire électriques. L’avantage d’utiliser ces machines se situe dans la possibilité d’effectuer un meilleur suivi des renseignements. En effet, chacune de ces machines détient une signature individuelle qui permet de dépister sur quelle machine un document a été écrit. En tant que spécialiste en recherche et développement (R-D) dans le secteur des technologies de l’information, je rencontre régulièrement des développeurs qui font face à de vieilles technologies. Prenons par exemple le système d’exploitation Windows XP, dont le support a cessé le 8 avril dernier. Selon NETMARKETSHARE.COM, ce système est le deuxième le plus utilisé sur le marché avec 27 % des parts. Sa stabilité et sa popularité ont fait en sorte que plusieurs de ses utilisateurs n’ont pas investi pour migrer vers de nouvelles versions de Windows. Le cas de Windows XP ne fait pas exception. De nombreuses sociétés et agences gouvernementales au Québec conservent leurs vieux systèmes que ce soit pour leur stabilité ou par manque de fonds pour les remplacer. Dans de telles conditions, les développeurs qui sont appelés à travailler sur ces systèmes doivent parfois réaliser des miracles pour épargner de l’argent à ces sociétés. C’est en étant confronté à de telles conditions que ces spécialistes en informatique deviennent dans certains cas admissibles à des crédits d’impôt à la R-D. En tenant compte de la présence de vieilles technologies sur le marché, il peut alors s’avérer avantageux pour de jeunes développeurs de se familiariser avec de vieux langages de programmation tels que le COBOL. Le COBOL a été fortement employé entre les années 1960 à 1980 par de nombreuses grandes entreprises, notamment les institutions financières. Ces entreprises ont donc continué à investir dans le développement de logiciels et d’applications en COBOL. Par conséquent, ce langage créé en 1959 a depuis subi maintes améliorations. Ainsi, les développeurs travaillent aujourd’hui avec des artifices de programmation tels que des extensions orientées objet ainsi que du code automodifiable. En somme, pourquoi changer quelque chose qui fonctionne bien? Chaque décision cache ses pour et ses contre. Dans certains cas, de vieilles technologies peuvent aider à prévenir les fuites d’informations, tandis que dans d’autres, un investissement régulier afin de conserver les technologies principalement utilisées à jour permet d’éviter une mise à jour coûteuse de l’architecture logicielle ou des systèmes d’exploitation. Crédit photo : 6028525 via Pixabay.