Du concept à l’application, pas toujours aussi simple ! J’ai eu l’occasion récemment de visionner de nouveau le film The Lake House avec Keanu Reaves. Comme ce n’était pas la première fois que je le regardais, je me suis intéressé un peu plus à l’aspect architecture. Bien que le film soit une romance, l’architecture détient une présence assez importante au sein de l’histoire étant donné que le personnage principal, Alex Wyler, son père ainsi que son frère sont architectes. Plusieurs éléments ont accroché mon attention au cours de ce visionnement, mais un particulier, et c’est de celui-ci que je désire vous parler aujourd’hui : la mise en application d’un concept. Cette notion de concept revient à quelques reprises dans le film, mais, une conversation entre Alex et son père à propos du musée d’art contemporain de Barcelone conçu par Richard Meier, m’a marqué plus que les autres. Simon Wyler y souligne l’ingéniosité de Meier pour avoir intégré des ouvertures servant à illuminer l’intérieur du musée sans toutefois éclairer directement les œuvres d’art, car la lumière du soleil aurait servi à dégrader ces dernières. Selon Simon, la lumière en architecture est primordiale. Pour s’imposer, un bon architecte ne doit pas seulement s’assurer que sa structure résistera aux effets du temps, mais doit aussi tenir compte de l’environnement qui entoura sa création. Il mentionne ensuite comme exemple que la lumière n’est pas la même Barcelone qu’à Tokyo ou même à Prague. Cet usage d’un éclairage naturel m’a immédiatement fait penser à un concept sur lequel je suis tombé en naviguant sur Internet : Le « Craddle-to-Craddle design » (ou C2C). Mis au point par le chimiste allemand Michael Braungart et l’architecte américain William McDonough, le C2C vise à ce qu’un produit manufacturé puisse : (1) se recycler indéfiniment (2) ou bien se biodégrader et retourner dans la nature sans lui nuire. En d’autres mots, ce concept a pour but de produire des biens qui respecteront l’environnement. Par exemple, William McDonough s’est fondé sur son concept pour concevoir des bureaux pour l’entreprise Gap éclairés par la lumière naturelle et climatisés par l’air extérieur, afin de produire un bâtiment en harmonie avec la nature. Sur papier, ce concept est très louable, mais il semble toutefois qu’il soit loin d’être facile à appliquer. Bien qu’il constitue une réussite dans le contexte des bureaux de Gap, il semblerait que l’architecte n’ait pas connu le même succès avec le projet de ville écologique de Huangbaiyu. Ce projet, visant la construction de 400 unités d’habitation conformément aux objectifs de développement durable du concept C2C, n’a jamais abouti. Selon les conclusions tirées par l’anthropologiste Shannon May, plusieurs facteurs auraient contribué à ce résultat, dont le manque de vision global du projet, l’inexpérience et des matériaux défectueux. Face à cet échec, la question suivante se pose : puisque ces produits sont biodégradables ou fabriqués de matière recyclée, ces derniers peuvent-ils contribuer à réduire la qualité des produits mis en marché ou bien être nocifs pour la santé humaine ? La réponse à cette question se trouve peut-être dans la conclusion de William McDonough, qui se console en disant que le développement durable sino-américain a permis de recueillir une foule de données qui pourront servir à des projets futurs. Autrement dit, le concept ne serait pas en faute dans cet échec, mais il reste encore beaucoup d’expérimentations avant de produire des biens résistants et totalement sécuritaires pour l’être humain. La définition d’un concept peut s’avérer simple premier abord, mais son application est quant à elle beaucoup plus complexe, car de nombreux facteurs doivent être pris en compte afin d’aboutir à un résultat concluant. I aul est évident que ces entrepreneurs ont visé trop grand, trop rapidement. Ils ont sensiblement oublié une des règles d’or en affaires, soit de commencer petit pour devenir grand longtemps. Crédit photo : hookedonhouses.net.