Lancer son entreprise : Questions et réponses avec Patrick d’Astous Tout le monde peut se lancer en affaires; le vrai défi, c’est de survivre. Comme le dit l’expression : beaucoup d’appelés, peu d’élus. Pourquoi alors prendre le risque de démarrer sa propre entreprise? Et qu’est-ce qui fait la différence entre l’échec et la réussite? Pour répondre à ces questions et plusieurs autres, nous vous proposons cette semaine une entrevue avec Patrick d’Astous, président de d’Astous Groupe Conseil. Dans cette première partie de notre discussion, Patrick aborde les thèmes de l’entrepreneuriat et du défi de développer une bonne idée. Patrick, pourquoi lancer son entreprise? Patrick : Partir en entreprise, c’est un peu partir à l’aventure. C’est souvent qu’une opportunité d’affaires se présente : ça peut être un client, ça peut être un projet. Habituellement, la première idée n’est pas ce qui va faire la réussite de ton entreprise, parce que beaucoup de changements se passeront à l’intérieur de l’entreprise. C’est comme une personne, elle vit par elle-même. On entend souvent qu’il y a des traits de caractère nécessaires pour être entrepreneur. Est-ce que c’est à la portée de tout le monde? Patrick : Je pense que le trait le plus important est d’être capable de vivre avec le rêve. Un employé salarié travaille et reçoit son salaire deux semaines plus tard. Un entrepreneur ne voit pas le résultat avant plusieurs années. Ce n’est pas tout le monde qui est capable de vivre avec ça, de voir que le résultat n’est pas très proche de son travail. Beaucoup arrêtent parce qu’ils ne voient pas le bout, même si le bout est là. Y a-t-il un âge pour se lancer? Patrick : Non. Je pense que si tu as une bonne idée, tu en es capable. Les idées ne tombent pas nécessairement du ciel. Disons que je veux partir en entreprise… comment trouver une idée? Patrick : Une idée se trouve parce que tu fais face à un problème : tu travailles quelque part, tu remarques un problème, tu te rends compte que tu pourrais peut-être le régler. Et peut-être que d’autres ont le même problème! Ça, ce sont les meilleures idées pour partir en entreprise. D’être confronté à un contexte particulier? Patrick : Oui. Ça peut même être un problème personnel! Pensons par exemple à toutes les entreprises Web 2.0 de ce monde. Un étudiant à l’université peut se dire « moi, j’ai de la musique, et j’aimerais faire X avec elle ». Si tu penses à ce problème, peut-être que d’autres y pensent aussi. Disons que je crois avoir trouvé une bonne idée; comment je peux la mettre à l’épreuve? Patrick : La meilleure chose à faire au début c’est de la confronter à d’autres personnes qui pourraient avoir le même problème. Si c’est un problème personnel, tu peux en parler à tes amis, par exemple. Et est-ce qu’il y a beaucoup d’entreprises dont la mission est de développer des produits logiciels au Québec? Patrick : Non, pas assez. J’ai une théorie à ce sujet. Prenons Silicon Valley, qui a généré beaucoup d’innovations technologiques. À la base, il s’agit d’une rue principale menant à une université, qui elle a beaucoup développé en technologie et en informatique. De bonnes idées et du bon monde en sont sortis et ont installé leurs propres entreprises à côté. Dans le fond, ils ont développé une manière de travailler axée sur l’innovation. Maintenant, disons que tu t’en vas travailler à Silicon Valley. Tu te fais engager par une de ces entreprises existantes, et après deux, trois ans, tu es tanné. Tu as une idée, et tu lances ta propre entreprise, probablement dans le même domaine. Il y a comme ça une évolution. Allons au Québec. On a un Silicon Valley, mais c’est un Silicon Valley de service-conseil. Les DMR et CGI de ce monde ont démarré dans les années 70 le service-conseil en informatique. C’est nous qui avons lancé cela. Reprenons le même phénomène qu’à Silicon Valley : ici, en sortant de l’université, il y a une grande chance que tu te fasses engager par une compagnie de service-conseil. Après deux-trois ans si tu es tanné et que tu veux partir ton entreprise, tu vas partir quoi? Une entreprise de service-conseil! Le service-conseil n’est pas un modèle d’affaire qui facilite l’investissement à long terme dans des projets innovants. Et pourtant !! Les conseillers de ces firmes sont ceux qui voient à tous les jours les vrais problèmes de leurs clients… Surveillez le blogue dans les prochains jours pour la suite. Dans le deuxième volet de l’entrevue, Patrick abordera une question fondamentale : qu’est-ce qui fait le succès d’une entreprise? Crédit photo : rawpixel via Pixabay.