Lancer son entreprise : Questions et réponses avec Patrick d’Astous (suite) Nous vous proposons aujourd’hui la suite d’une entrevue de Patrick d’Astous effectuée par Philippe Moisan-Royal, stagiaire chez d’Astous Groupe Conseil. Dans cette deuxième partie de notre discussion, Patrick aborde les thèmes du financement et du succès des entreprises. Est-ce qu’il faut nécessairement mettre de l’argent de sa poche pour lancer son entreprise? Patrick : Ça dépend d’où tu te situes dans le spectre des entreprises. Il y a d’un côté le service-conseil. Elles effectuent des services, payés par exemple à l’heure, et elles facturent à la fin du mois. Ce modèle comporte peu de risque, peu d’investissement. Le risque est donc minimal, mais je considère que la plus-value future aussi est minimale. Autrement dit, il faut travailler constamment pour générer du revenu. De l’autre côté complètement, tu peux développer un produit, une idée. Ici, tu travailles beaucoup au début, proportionnellement aux revenues, jusqu’à ce que ton idée commence à se vendre. Mais un produit peut éventuellement se vendre mille fois en une seconde. En service-conseil, tu vends ton temps. Quel genre de financement peut-on aller chercher quand on commence? Patrick : D’un côté, il y a le prêt. Ici, l’institution ne prend pas de risque. Le risque est de ton côté : il faut que tu remettes l’argent un jour. À l’autre bout, quelqu’un qui croit en toi et en ton projet peut investir dans ton entreprise. Il prend alors de l’argent et le met dans ton entreprise en échange d’actions. Il prend donc tout le risque : si ça tourne mal, il perd son investissement. Mais tu donnes du capital, et habituellement tu ne le retrouves pas : c’est comme donner une partie de ta maison. Une entreprise en démarrage ira rarement à la banque, surtout si l’entrepreneur est jeune. Tu as peu de garantie à donner. Ça va donc être très difficile. Tu peux aussi te lancer directement dans l’investissement, mais les investisseurs ne sont pas fous : si tu n’as rien développé, ils vont être exigeants! Tu es un peu pris. Habituellement ce qu’on va d’abord chercher, c’est de l’argent de ton père, ton frère ou d’un autre membre de ta famille. Il y a ensuite un deuxième niveau : c’est ce qu’on appelle les anges financiers. Ce sont des personnes ou un regroupement d’individus qui ont déjà réussi et qui veulent trouver des projets porteurs afin d’y investir très tôt. Ce ne sont pas des gros montants : habituellement moins de 100 000 $, contre une part de l’entreprise. Et ça vient avec de l’expertise : ils vont t’aider. Est-ce qu’il y a des pièges à éviter dans la gestion d’une entreprise qui commence? Patrick : Le cash flow, c’est le nerf de la guerre. Autrement dit : as-tu assez d’argent dans ton compte de banque en tout temps pour payer tes obligations? La plupart des entrepreneurs ne penseront pas à ça. Ils dépenseront plus, où ils ne sauront pas d’où leurs revenues viendront. Ça fait tomber beaucoup d’entreprises. Tu reçois par exemple un gros montant d’argent, comme un investissement, et tu te mets à engager. Mais tu ne calcules pas que dans le temps, ton argent va diminuer. C’est un gros problème : les gens ne pensent pas à long terme. Si on regarde à plus long terme, dans les entreprises qui ont réussi à perdurer… qu’ont-elles en commun? Patrick : La réussite, c’est deux choses : l’idée et l’exécution. Si une bonne idée vaut 1 $, une excellente exécution vaut 1000 $. Une mauvaise idée avec une très bonne exécution peut quand même marcher. Mais une excellente idée avec une mauvaise exécution ne marchera pas. Beaucoup de gens en affaires rêvent, mais n’exécutent pas. C’est la pire erreur! Il faut être réaliste tout en étant capable de voir dans le futur. En terminant, si tu avais à nommer une règle que tout entrepreneur devrait respecter, ce serait ça? Patrick : Oui, exécuter. Crédit photo : rawpixel via Pixabay.