RS&DE : Formuler une hypothèse en usinage Dans le secteur de l’usinage, il peut s’avérer complexe pour certains de formuler une hypothèse adéquate lors de la rédaction d’une démarche expérimentale dans le cadre du processus de réclamation d’un crédit d’impôt à la recherche scientifique et développement expérimental (RS&DE). Bien que se référer aux informations offertes par l’ARC puisse aider, j’ai pris la peine de vous illustrer des situations pouvant survenir, car le domaine de l’usinage constitue un domaine important qui touche directement ou indirectement toute industrie. Exemple 1 (Invalide) Contexte : On désire réaliser une pièce métallique monobloc de forme très complexe. Des contraintes de coût et de performance mécaniques attendues limitent les technologies potentiellement utilisables et il n’est pas possible de réaliser la pièce uniquement par usinage. Hypothèse : Le développement d’une gamme d’usinage à partir d’une pièce coulée (casting) permettrait de réaliser cette pièce.Commentaire : Cette hypothèse n’est pas valide, car elle est fondée sur un objectif fonctionnel plutôt que scientifique ou technologique. Elle n’a pas visé expressément à réduire ou à éliminer l’incertitude scientifique ou technologique (Question de la RS&DE). La complexité n’est pas un critère suffisant, et le projet a pu être mené à partir des connaissances déjà disponibles. Exemple 2 (Invalide) Contexte : Une entreprise souhaite usiner pour la première fois un matériau, peu courant et reconnu comme étant difficile à travailler, avec un fini de surface déterminé. Hypothèse : N’existerait-il pas une pastille qui, avec les paramètres d’usinages adéquats (vitesses de coupe, d’avance, etc.), permettrait son usinage? Commentaire : Cette hypothèse n’a aucun lien avec la base scientifique ou technologique du projet. La contrainte a tout simplement été contournée en utilisant une technologie connue – une pastille existante – et la détermination des paramètres d’usinage fait partie de la pratique courante de l’entreprise. Exemple 3 (Valide) Pour que l’hypothèse précédente ait été valable, il aurait fallu qu’elle prenne cette tournure : Hypothèse : La microstructure particulière du matériau peut engendrer des phénomènes physiques extrêmes (chocs, échauffement, etc.) causant des microfissures sur les outils et leur dégradation rapide, rendant l’application de la base de connaissance de pratique courante inutilisable. Commentaire : Dans ce cas, on cherche à comprendre les relations entre les propriétés physiques de la surface des outils et leurs modes de dégradation, dans le contexte particulier de l’usinage de ce matériau, qui s’avère fort différent de la pratique courante. La contrainte n’est pas uniquement abordée, mais elle est aussi résolue par un travail de développement de la base de connaissance dépassant celle de la pratique courante de l’industrie, et ne se limite pas à la simple identification d’une technologie particulière, les connaissances permettant de prévoir la performance de n’importe quelle pastille. Cette dernière hypothèse peut être obtenue facilement en répondant aux questions soulevées. En outre, la formulation d’une hypothèse vise à prédire l’influence qu’aura la variable dépendante sur la variable indépendante. La variable indépendante constitue celle dont le chercheur essaie d’expliquer les variations. Elle est indépendante de la volonté du chercheur, tandis que la variable dépendante est représentée par ce qui varie au cours de l’expérience et est dépendant des choix du chercheur. Dans le cas présent, ces variables prendraient la forme suivante : Variable dépendante : La microstructure particulière du matériau peut engendrer des phénomènes physiques extrêmes (chocs, échauffement, etc.). Variable indépendante : Les microfissures sur les outils et leur dégradation rapide rendent l’application de la base de connaissance de pratique courante inutilisable. La RS&DE peut se révéler complexe lorsqu’on ne sait pas par quel bout la prendre, mais une fois que vous l’aurez démystifiée, elle n’aura plus de secret pour vous. Crédit photo : Kissu via Pixabay.